HOTES DE MARQUE A MARSEILLE AU COURS DES SIECLES. HOTES DE PRESTIGE.
J'ai été été souvent frappée par la méconnaissance des Marseillais "de souche" concernant l'histoire de leur cité; c'est pourquoi je propose ce petit récit qui n'a d'autre ambition que d'évoquer les réceptions fastueuses que notre bonne ville de Marseille a, dans le passé, offert à ses souverains, hôtes de marque; elle s'est souvent pliée en quatre pour offrir un accueil de qualité.
***Au 13ième siècle: le dernier Vicomte de Marseille meurt, début des Comtes de Provence***
Au Moyen Age Marseille n'était pas sous la férule d'un pouvoir lointain et nordique; le pouvoir était localement aux mains du Vicomte de Marseille; le dernier vicomte mort et enterré à l'abbaye de Saint Victor (c'était un moine) en 1215, la ville fit allégeance à son nouveau suzerain le Comte de Toulouse; en vraie tête de cabocharde elle refuse de faire acte de soumission au Comte de Provence, un certain Raymond Bérenger. Le Comte de Toulouse lui plaît davantage et elle ne manquera pas de lui prêter main forte quand il sera en difficulté. Cette allégeance librement acceptée durera jusqu'en 1249 et sera matérialisée par une grande réception à Marseille.
Mais cette attitude de rebelle n'aura qu'un temps; en théorie, depuis 1246, c'est le Duc d'Anjou le véritable suzerain de Marseille. Et à ce suzerain, Marseille la rebelle devra bien un jour ou l'autre faire allégeance; après 20 ans d'atermoiements Marseille, en1265, accueillera officiellement son suzerain, Charles Ier d'Anjou. Ce dernier se rend à Rome pour se faire reconnaître Roi de Sicile et de Naples.
Chemin faisant il fait une halte chez ses sujets marseillais lesquels lui réservent un accueil de qualité.
Trente galères et quelques vaisseaux sont même offerts au Roi.
** 14ième et 15ième siècle, Marseille est sous la domination du Comte de Provence qui est aussi Roi de Naples et de Sicile, et Comte d'Anjou **
L'accueil de l'hôte de marque se fait au Plan Saint Michel qu'on appelle aussi La Plaine, en arrivant par l'Est de Marseille. Très souvent l'hôte accueilli arrive d'Italie ou encore d'un pélerinage à la Sainte Beaume. Un comité d'accueil composé du Conseil de la Ville ainsi que des principaux notables déploie tout le faste possible pour offrir un bon accueil.
Deux hôtes de marque à Marseille reçurent un accueil fastueux : la Reine Jeanne et quelques années plus tard son arrière petit fils, le Roi René, dit aussi le Bon Roi René.
La Reine Jeanne, suzeraine de Provence et par conséquent de Marseille, se réfugia à Marseille après l'assassinat de son mari André de Hongrie qu'elle fit étrangler. En 1348. Elle bénéficia, malgré son crime, d'un accueil chaleureux; juchée sur son trône place du Palais de Justice près de l'hôtel de Ville elle reçoit les serments de fidélité de la ville (serments réitérés à chaque passage de suzerains et qui comportent un volet "franchise et privilèges", Marseille tenant à sauvegarder les avantages acquis).
C'est en piteux état que le Roi René, quelques années plus tard, entra dans la ville au terme d'une longue captivité; eut-il une pensée pour son arrière grand-mère lorsqu'il posa lui aussi son séant sur le trône royal exactement au même endroit, au Palais de Justice? nul ne sait. En tout cas le sénario est bien rôdé: promesses royales d'un côté, serment de fidélité et allégeance de l'autre. Il demeura quatre mois à Marseille puis partit comme ses ancêtres à la reconquête de son royaume de Naples. Sans doute Marseille contribua t elle à la dépense. Las! son retour en 1442 fut plus que pitoyable, ayant tout perdu et rien gagné. Cependant, peu rancunière, Marseille lui fit bon accueil et comme le Roi René décida de terminer ses jours en douce Provence il se consacra à l'essor économique de sa contrée.
Il résidait surtout à Aix mais il était souvent l'hôte de Marseille; il possédait en effet un château dit le château du Roi René à Marseille aux Aygalades; dans le quartier des Aygalades on voit encore le chemin qui y menait, chemin dit "du Roi René"; à sa mort son neveu Charles III du Maine lui succéda sur le trône comtal.
Charles III du Maine bénéficia d'un bon accueil à Marseille; comme ses prédécesseurs il trôna au Palais de Justice et confirma tous les avantages de la ville de Marseille. Il y a cependant une différence de taille avec les autres suzerains: grâce à un tableau conservé au Musée de la ville de Marseille, tableau intitulé "Prêche de la Madeleine" on a une image de lui; on le voit sur ce tableau en compagnie de sa femme, la Reine Isabelle. Il figure tel qu'il apparut aux Marseillais . Ce qui frappe c'est son mauvais teint, d'un vert olive, qui tranche avec le visage éclatant de blancheur des autres personnages représentés. Il devait être malade; un souverain éphémère, il régna 17 mois.
Il vivait sur le Vieux Port à la Maison du Roi à côté de l'Hôtel de Ville; en décembre 1481 sentant sa fin proche il fit venir un scribouillard et dicta ses dernières volontés. Le lendemain il mourait et comme prévu par le Roi René, ce fut son cousin, Louis IX, Roi de France qui accéda au trône de Provence, capitale: Marseille.
AINSI DONC EN 1481 LA PROVENCE Y COMPRIS MARSEILLE FUT SANS DISCUSSION RATTACHEE A LA COURONNE ROYALE..